6 août 2021

Pasolini, reviens !

Par Philippe

Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle anti-fascisme. Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes (1976)

Et, il est revenu ce matin même tel que le prédisait Pasolini. On aurait préféré voir Pasolini revenir. Ce matin, Pasolini me manque grandement.

Ce sont les soi-disant pourfendeurs des discriminations, les braves et courageux opposants au prétendu fascisme du Rassemblement National, nos fameux « progressistes » qui le remettent sur scène. Ce beau mot de progrès dont ils se sont accaparés, dont ils ont détourné, renversé même complètement le sens. Orwell nous avait prévenu : « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force ». La tyrannie, c’est le renversement de toutes les valeurs. C’est le mensonge devenu institution. C’est le Diable aux commandes diraient les croyants.

Lionel Jospin a avoué un jour qu’il n’y avait jamais eu de menace fasciste en France, que tout cela était une farce montée par les progressistes. Tiens ! Je me demande ce qu’aurait fait Jospin s’il était toujours membre du Conseil constitutionnel… Je me demande si Hollande ne lui a pas préféré Fabius comme Président de l’institution parce qu’il n’était pas assez progressiste. Je me demande si son mariage avec Sylviane Agacinsky qui s’oppose à la GPA, à la PMA pour tous, etc., ne lui a pas joué un mauvais tour (progressiste). Mais, c’est un autre sujet.

Je me souviens de ces amis qui, au lendemain du 21 avril 2002, allèrent avec bravoure déchirer les affiches de Jean-Marie Le Pen. Je riais le soir du 21 avril, je riais parce que j’étais au parfum comme Jospin. Mais, il fallut ensuite subir les foudres – des pétards mouillés à vrai dire – des idiots qui vous exhortaient à voter Jacques Chirac. Ne pas le faire c’était être complice du fascisme. Cela m’en bougeait une sans toucher l’autre, comme il disait, paraît-il. Ces idiots doivent être encore persuadés aujourd’hui que s’ils n’avaient pas déchiré les affiches de Le Pen, Chirac n’aurait pas fait 82 %.

Depuis ce temps, le bouc-émissaire de la France est resté le même. Il a le visage du gaulois réfractaire, de la France moisie, le prolo à la Gitane au bec, des « cloportes » comme l’écrit l’affairiste Georges Ghosn dans VSD. Mais, regardez donc qui est leur leader aujourd’hui ! Un ancien du Front national ! Et voilà la boucle progressiste est bouclée. Ce sont ceux qui votaient Le Pen en 2002 qui défilent dans les rues contre le laissez-passer sanitaire aujourd’hui. Il s’agit donc de vous protéger de ces hordes réactionnaires, de ces barbares incapables d’ingérer la novlangue.

Nous vivons un nouveau 21 avril. Karl Marx : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. ». Comme nous sommes dans l’inversion de toutes les valeurs depuis plus de trente ans au moins, je crains qu’il faille retourner aujourd’hui la phrase de Marx. Et comme le 21 avril était une farce, nous sommes certainement de plain-pied dans la tragédie ce matin.

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